Qui n’a pas entendu les propos de Gadhafi, devenus un clip éminemment célèbre sur la toile : « Zenga, zenga Dar, dar ». Pour les néophytes de la langue arabe, cette expression empruntée à son auteur ; ce dictateur déchu depuis peu, témoigne de la résolution de ce dernier à poursuivre les opposants à son régime, dans les moindres recoins, jusqu’à chez eux.
C’est ce sentiment que j’ai ressenti ce 22 novembre 2011, à l’annonce de la décision du Tribunal administratif de Montreuil qui se prononce pour serrer encore l’étau autour des mamans musulmanes et venir d’ingérer même dans ce petit carré de liberté, dans ce don de soi, dans cette participation bénévole décriée aux seules mamans musulmanes .
Marre de contenir ma colère, ma rage, mon écœurement face à ce traitement discriminatoire, fatiguée de montrer toujours patte blanche, de faire plus que les autres, de s’excuser presque d’être « AUTREMENT » moi-même, je vous livre ce témoignage. Une râle profonde dressée depuis des années, sous couvert de bonne citoyenneté : une râle que je ne peux plus contenir tellement le sentiment d’injustice est monstrueux, un sentiment abject ; car le désarroi est indescriptible et la persécution est arrivée au dernier carré de ma liberté que je partage dans la sphère publique : ce carré qui me lie à l’institution scolaire, en tant que parent d’élève et qui commence déjà à empiéter sur la ligne de démarcation de ma sphère privée en tant que parent, me privant non plus de droits (on commençait à s’y faire) mais cette fois-ci de mon désir de rendre service, me stigmatisant ainsi de ne pas être un bon parent.
Présidente d’association de Parents d’élèves, et longtemps représentante de parents d’élèves dans l’école publique (maternelle, primaire, collège…), ce cri de douleur que je vous livre à travers ce témoignage, n’est que plus vrai.
On vient de fêter le 25 novembre 2011 la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et au même moment, la France s’illustre par une nouvelle forme de violence contre les femmes musulmanes pratiquant le port du voile. Le feuilleton d’un très mauvais goût « Les feux du voile » a débuté en 1989, à travers ses différents épisodes, la droite, le centre et la gauche se partagent la mise en scène et la rédaction du script, pour continuer en 2004 et la promulgation de la loi du 15 mars 2004 ; celle qui a eu le mérite d’unir dans un même chœur les députés de la nation toutes couleurs confondues, puis 2011 avec , en date du 22 novembre, cette nouvelle péripétie du Tribunal administratif de Montreuil qui s’est prononcé dans l’affaire opposant une mère contre la décision d’une école de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, qui interdit des femmes musulmanes voilées à accompagner les enfants lors de sorties scolaires. Selon le tribunal, le principe de neutralité de l’école laïque s’applique aussi aux parents volontaires qui accompagnent les sorties scolaires et désormais inscrits dans le règlement intérieur des écoles.
La Madeleine, un peu amère…
La lecture du texte du Tribunal administratif de Montreuil, m’a fait l’effet de la madeleine de Proust, un peu amère et m’a renvoyé à mes souvenirs émouvants de parents d’élève, accompagnant, des années durant, les sorties sportives, pédagogiques, cinématographique et autres de tout genre des écoles maternelles et primaires de mes enfants à Villeneuve d’Ascq. Je ne compte plus le nombre de sorties réalisées, mais je me souviens bien de l’effervescence des enfants, des nez qui coulent et qu’il faudrait moucher, des vomissements dans le bus, des rires des enfants et les rappels à l’ordre des enseignants.
Les mamans apportaient leur aide avec enthousiasme, rien ne les rebutait : Chaque enfant était le leur, qu’elles traitaient comme tel, nul autre sentiment ne prévaut que celui d’être utile et de participer à la réussite de la sortie. Toutes les mamans, étaient présentes en cette qualité, et leurs origines, religions, idéologies n’étaient que secondaires. Le credo de l’école publique permettant le brassage des origines, se vérifiait vraiment.
Dans ces sorties, c’est le moment tant attendu du repas qui permet de se poser, de prendre son souffle, de parler de choses et d’autres, de faire la connaissance des mamans et des enseignants. C’est aussi l’occasion d’avoir un moment privilégié avec son enfant et le voir sous un autre jour. Un enfant qui cherche à impressionner sa mère, un enfant fier de voir sa mère dans le cadre de l’école et susurre admiratif, à son camarade de rang : « c’est ma maman ! ».
De retour d’une sortie au bois ou à une ferme d’animaux ; après avoir donné à manger aux poules ou essuyé les bottes en boue des enfants, je m’en vais chez moi trainant ma fatigue ; et mis à part le vomis à ramasser avec le reste du papier essuie tout du pique-nique, j’étais satisfaite du sentiment du devoir accompli.
Touche pas à notre foi !!
La foi que je défends aujourd’hui c’est d’être tous des parents égaux devant nos devoirs et droits, de bannir toutes discriminations, de pouvoir se rendre utile et participer comme tous les autres à la réussite de la mission de l’école et dont les parents sont une partie importante du projet pédagogique. J’appelle ici à la mobilisation de tous les parents, à leur solidarité, car l’enjeu dépasse de loin ce fait divers aussi important qu’il soit pour moi femme musulmane, pour toucher les libertés de chacun de nous.
Je parle aussi pour défendre ma foi citoyenne, car cette dérive sous couvert légal, augure d’une tendance inquiétante de la France, d’une perte progressive des valeurs humanistes, et d’une trahison flagrante en commençant par notre devise qui sonnerait bientôt, si l’on n’est pas vigilant, comme une coquille vide.
J’écris pour faire entendre ma foi dans le courage et le libre arbitre encore présents dans la société civile et ses composants pour se dresser contre l’injustice et cette stigmatisation d’une partie importante de la société française.
Je m’insurge enfin contre ces tentatives répétées de standardisation du citoyen, et ces efforts et moyens qui sont déployés pour limer les contours de ma foi visible. C’est la plus visible, je ne m’en cache pas, et je la porte comme je porte fièrement ma foi citoyenne en tant que militante dans la société civile depuis toujours.
Maman ! pour la sortie de l’école ! Tu viens…Hein ?
Après le détour émouvant par mes souvenirs de parents d’élèves, je me suis projetée dans l’avenir de ce statut qui m’est désormais interdit ou presque en regardant ma petite dernière de deux ans et qui fera son entrée scolaire l’année prochaine et qui viendrait un jour me dire :
« Maman ! pour la sortie de l’école ! Tu viens… ? »
Quels mots vais-je utiliser pour expliquer à ma petite que je ne pourrais pas sortir avec elle, et que c’est la faute à « Pas de chance », ou à un grand « méchant loup » (à définir) » !! Comment pourrais-je lui expliquer que le papier annonçant la sortie et le talon réponse n’est qu’une mascarade (à définir) ?
Comment lui dire que je suis une maman comme toutes les autres et que je ne suis pas une pestiférée dont on craint la contagion (à définir) !
Offusquée par tant de fausseté, de malhonnêteté, poignardée par la politique de nos gouvernements successifs qui perd jour après jour son âme. Meurtrie par autant de rêves de citoyenneté, de slogans du vivre ensemble sacrifiés sur l’autel d’un enjeu (à définir), je livre un dernier message :
Message à Ma Petite Princesse, ta maman à toi sera toujours là !
Hommage
Je voudrais rendre hommage au cadre éducatif des écoles de mes enfants où l’intelligence humaine des enseignants et des directeurs et leur savoir vivre a permis aux parents de trouver une place de choix dans ce cadre éducatif où parents, enseignants, directeurs et agents éducatifs coordonnent leurs efforts pour réussir leur noble mission. Ma gratitude va également à tous les parents d’élèves qui se donnent généreusement pour servir la réussite sociale passant en premier par la réussite à l’école
mardi, novembre 29, 2011
samedi, octobre 22, 2011
dimanche, septembre 18, 2011
vendredi, février 11, 2011
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