vendredi, mai 18, 2007




Farouk EL HAOUZI
(2/6)Journée thématique sur l' enfant au coeur de nos priorités,


1ère table ronde, 2eme sujet:
L' éveil spirituel de l’enfant

Ce thème pose trois questions :
Le sens de la spiritualité, la transmission de la spiritualité, les moyens qui aident à l’éveil spirituel de l’enfant.

La spiritualité

La spiritualité fait référence aux terme coranique de « foi » « imane » qui de manière propre signifie le travail du cœur (de l’être profond) qui accompagne les gestes. On touche à la spiritualité de manière effective lorsqu’on se pose des questions sur les œuvres de son cœur : l’intention, la sincérité, la piété, l’amour de Dieu et de son Messager, la volonté, la patience, la clémence, la crainte de Dieu. Ou encore ses maladies comme l’orgueil, l’ostentation, …etc. Tous ces caractères qui relèvent du cœur, et donc du domaine de la spiritualité, sont d’une grande importance. Dieu Exalté s’intéresse en priorité à l’état de nos cœurs le jour dernier. Dans le Coran il est signalé par des paroles du prophète Abraham que nul salut ne peut être attribué à celui qui n’arrive pas avec un cœur sain. C'est-à-dire sain des différentes maladies. Si le cœur est illuminé par les vertus alors cela lui permet de grimper les échelons pour obtenir les plus hauts degrés.

D’autre définition de la foi sont données dans d’autres hadiths. Selon Boukhari le Prophète dit « la foi est constituée de soixante-dix et quelques affluents, le plus haut est l’attestation de foi ‘il n’y a de divinité que Dieu’, le plus proche est d’écarter les choses qui gênent du chemin, et la pudeur est un affluent de la foi ». Les affluents, répertoriés par des Savants tel que Bayhaqy, sont des actes de foi tangibles et palpable qui permettent d’associer la foi à des actes qui en témoignent. Ainsi la foi n’est pas une contemplation philosophique mais une vérité qui se loge dans le cœur et qui jailli avec les actes.

La spiritualité musulmane a pour objectif de préparer l’individu à rencontrer son Seigneur et l’aider à faire les actes (sens et cœur) qui favorisent son devenir auprès de Dieu et sa proximité à Lui. Son objectif n’est pas terrestre bien que Dieu ait promis à ceux qui recherchent Sa Face une vie digne ici-bas et dans la vie dernière. Terrestre dans le sens où elle serait un moyen de dégager le stress quotidien, d’augmenter la productivité pour les entreprises, ou encore pour vivre une meilleure vie future, toujours sur terre, pour ceux qui croient à la réincarnation, ou même pour vivre des états d’extases de grandes amplitudes.

Transmission de la spiritualité

L’importance de la spiritualité et des vertus du cœur, pose la question de la transmission de ces vertus. Si aujourd’hui on mes à disposition beaucoup de moyens pour développer l’intellect et le gestuel des enfants et des adultes, le coté spirituel reste au contraire méconnu et de ce faite mal entretenu et peu développé. Mis à part les connaissances intellectuelles et gestuelles qui concernent l’islam, le fossé reste importante entre savoir et réalité. Connaître ce qu’est la patience et être patient, connaître Dieu et être un vrai serviteur, voici comment le défi de la spiritualité se présente.

Outre, il nous est enseigné dans les témoignages des compagnons que Ibn Omar affirmait : « Nous avons eu la foi avant le Coran ». C'est-à-dire que si le Coran a été révélé pendant 24 ans, les compagnons eux avaient la foi depuis qu’ils ont décidé de suivre le Prophète de Dieu. Comment ont-ils pu avoir cette foi alors que la science que Dieu allait révélé ne leur était pas encore parvenue ? La réponse nous intéresse et elle réside en la qualité même qui distingue cette première génération « la compagnie » du Messager de Dieu. Le Prophète nous conseil de ce faite de choisir nos compagnons avec le plus grand soin en disant : « Chacun(e) de vous a la même intensité de foi que son ami(e) le(a) plus intime, choisissez donc vos ami(e)s avec soin » (Hadith rapporté entre autre par Ahmed) Dans un autre hadith le compagnon Abdullah Ibn Rawâhah dit à l’un de ses amis « Vient qu’on vive notre fois pendant une heure » il se réunissait alors avec ses amis, invoquaient Dieu et se souvenaient de Ses bienfaits sur eux. Signalé au Prophète de Dieu, celui-ci répond : « Ibn Rawâha aime les assemblées par quoi Dieu Exalté se vante devant Ses anges. »

La compagnie des hommes pieux par l’amour et le respect représente un lien qui permet aux cœurs de s’abreuver l’un de l’autre. C’est ainsi que se transmettent la spiritualité et les vertus du cœur. « O vous qui avez la foi, Observer les limites de Dieu et soyez avec les véridiques » dit Dieu dans le Coran. « Maintien toi avec ceux qui invoquent Dieu le matin et le soir recherchant Sa Face ». L’exemple du prophète Moïse avec l’homme pieux cité dans sourate la Caverne (al Kahf) est un exemple éloquent. Moïse puisse Dieu le saluer n’est pas revenu avec une science particulière si ce n’est plus de certitude et d’humilité à l’égard de Dieu. Une science de cœur qu’il a retrouvé auprès du Khidr humble serviteur qui n’appartient pas au grade de la prophétie.

La bonne compagnie se concrétise par une fréquentation qui se fait dans le cadre d’un projet de changement individuel et collectif à l’exemple du Prophète et des compagnons. Ils poursuivaient deux objectifs, une relation privilégiée avec Dieu qui se conçoit au milieu du terrain au service de l’autre. Dieu est la destination, le chemin c’est l’autre, les moyens premiers sont la bonne compagnie et la souvenance de Dieu.

Moyens

Lorsque le modèle est là, à savoir les parents qui ont fait un travail sur eux et qui sont plus à même de transmettre ce qu’ils sont, l’enseignement se fait de manière naturelle et simple. La difficulté apparaît lorsqu’on essai de faire passer la spiritualité par des canaux inadaptés à savoir les voies de l’intellect. Les exemples cités dans le Coran et la tradition du Prophète rendent compte de cette simplicité.

D’abord, dans sourate Loqmâne où cet homme pieux exhorte son fils, on remarque la simplicité des propos et la globalité des thèmes abordés.
D’abord l’Unicité de Dieu est évoqué. Le polythéisme est décrit comme un injustice envers Dieu, un langage accessible à l’enfant qui par sa perception du cœur sait ce qu’est l’injustice.
En suite l’omniprésence de Dieu est introduite de manière simple : Dieu est capable de ramener l’équivalent d’une toute petite graine bien qu’elle soit cachée à l’intérieur d’un rocher, dans le ciel ou dans la terre. Il est en effet Tout Sachant et Connaisseur.
Les grandes lignes du projet de sa vie : La prière qui est une présence à Dieu, et une implication dans la société pour prévaloir les valeurs de bonté, de l’effort pour une société meilleure, de patience et d’endurance.
Le bon comportement envers son prochain qui est une éthique qui permet un bon vivre ensemble et une bonne récompense auprès de Dieu.

Dans le Hadith d’Ibn Abbas le Prophète enseigne à ce compagnon en bas age ces quelques mot : « Ô jeune homme je t’enseigne quelques paroles. Préserve Dieu (ne fais pas de péchés) et il te préservera. Montre de l’attention envers Dieu dans l’aisance et il te prêtera attention dans tes difficultés. Sache que si le monde entier, humains et djinn, te veulent du bien ils ne t’accorderont qu’un bien que Dieu t’a prédestiner, et saches que si le monde entier, humain et djinn te veulent un mal il ne t’atteindront que par un mal que Dieu t’a prédestiné. Les plumes sont levées et l’encre est sèche. »
Un enseignement qui ancre l’omniprésence de Dieu dans le cœur de l’enfant dans une optique qui rassure et une relation de complicité et d’amour que l’enfant pourra développer à la lumière du modèle qui l’inspire. Ici c’est le Prophète